viernes, 16 de enero de 2015

Premier rapport de la « Caravane Sexta Internationale » suite à la visite de San Sebastián Bachajón.

Mercredi 14  janvier 2015.


Bref résumé des faits survenus sur les terres communales de l’ejido de San
Sebastián Bachajón depuis la récupération de leurs terres, le 21 décembre
2014.

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Le 21 décembre 2014, durant l’inauguration du Festival mondial des résistances et des rébellions contre le capitalisme au Mexique, des compañeros adhérents à la Sixième déclar ation de la Sexta Lacandone de l’ejido de San Sebastián Bachajón, 
situé au nord du Chiapas, ont annoncé que ce même jour à l’aurore, ils avaient procédé à la récupération des terres qui leur avaient été spoliées depuis le 2 février 2011 par le
gouverneur du Chiapas Juan Sabines Guerrero et par Noé Castañón León, son
secrétaire de gouvernement, en complicité avec le commissaire officiel des
terres comunales de l’ejido, Francisco Guzmán Jiménez. L’invitation fut
alors faite aux participants au Festival mondial à venir les soutenir et à
manifester leur solidarité, en défense des terres récupérées.


Le 21 décembre à peu près 400 femmes, enfants, jeunes, hommes, femmes et
anciennes et anciens de San Sebastián Bachajón réoccupèrent de manière
pacifique les terres en usage communal dépendant de la surface octroyée à
l’ejido de San Sebastián situées en bordure de la municipalité de Tumbalá,
sur le chemin d’accès au centre écotouristique des Cascades d’Agua Azul,
sur lesquelles le gouvernement du Chiapas et les institutions fédérales
avaient construit depuis un guichet d’entrée aux cascades, administrée par
la Commission Nationale des Aires Naturelles Protégées (CONANP) et par le
secrétariat des finances du Chiapas, ainsi qu’un Centre d’attention
d’urgence de la Protection civile, et un soi-disant bureau de consultation
médicale, complètement abandonné.

La résistance des compas contre la répression policière et paramilitaire
est vieille de plus de six ans déjà. Au cours de cette période eurent lieu
les assassinats extra-judiciaires de Juan Vázquez Guzmán et de Juan Carlos
Gómez Silvano, et l’incarcération injuste de plus de 120 compañeros. Trois
d’entre eux, Juan Antonio Gómez Silvano, Mario Aguilar Silvano et Roberto
Gómez Hernández sont toujours en prison, où ils ont été torturés par les
instances de l’Etat du Chiapas. [Ajout du traducteur : les personnes
incarcérées sont le frère, le cousin et un proche de Juan Carlos Gómez
Silvano, assassiné le vendredi 21 mars 2014. Suite aux enquêtes
ultérieures à son assassinat, un policier municipal se trouve incarcéré.
En représailles, la police municipale locale a procédé à l’arrestation et
la torture des trois personnes mentionnées, suspectes d’être à l’origine
des plaintes pour l’assassinat de leur proche].

Ces actes de répression de la part des autorités gouvernementales n’ont
pas pour autant entamé leur conviction à récupérer leurs terres ; au
contraire, la douleur due à la perte des compañeros abattus n’a fait que
renforcer leur conviction: « Pour toutes les injustices causées par le
mauvais gouvernement qui préfère nous voir morts, en prison, ou vivant
dans la misère et la marginalisation, parce qu’ils nous dépouillent de
notre terre pour l’offrir aux grandes entreprises et aux politiciens
corrompus et qu’ils deviennent encore plus riches alors que nos
communautés meurent de faim… C’est pour ces raisons, que les communautés
de notre organisation ont décidé en assemblée de procéder aujourd’hui à la
récupération des terres spoliées par le mauvais gouvernement. »
(Communiqué de San Sebastián Bachajón, 21 décembre 2014).

Durant les jours suivant le début de l’occupation, différentes menaces
d’expulsion et de répression furent envoyées par les forces publiques et
différents groupes paramilitaires agissant en coopération avec le
commissaire officiel des terres communales de l’ejido Alejandro Moreno
Gómez, ainsi que Samuel Díaz Guzmán son conseiller à la surveillance des
terres. Le 30 décembre, des représentants du gouvernement du Chiapas
exigèrent aux ejidatari@s de la Sexta de se retirer des terres récupérées
pour permettre de cette manière que puisse avoir lieu un dialogue entre
les compas et les ejidatari@s liés aux autorités officielles. Cette
exigence fut accompagnée de menaces d’expulsion et d’arrestation en cas de
refus d’abandonner les terres récupérées.

Face à ces menaces, les compañer@s de Bachajón décidèrent de maintenir le
contrôle des terres récupérées, tout en laissant le flux de touristes
reprendre son cours normal. Des centaines de compañer@s couverts de
passe-montagnes surveillaient alors l’accès aux cascades, ce qui n’avait
pas l’air de gêner les touristes de passage. Aucun d’entre eux ne se
rendait compte que 24 heures sur 24, des compas cachés dans les arbres des
deux côtés de l’autoroute surveillaient l’accès aux cascades. Chaque compa
jeune, ancien, femme ou homme avait à effectuer des tours de garde de
trois jours consécutifs sans dormir qui devaient avoir lieu tous les
quinze jours. Durant les 18 jours de réoccupation, ce sont plus de 500
compañer@s des différents villages des terres communales de l’ejido qui se
sont succédé sur place.

Le 30 décembre, entre 40 et 50 personnes payées et organisées par le
commissaire ejidal Alejandro Moreno Gómez bloquèrent les autoroutes San
Cristóbal-Palenque et San Cristóbal-Chilón aux abords des villages de Temó
et de Pamalá non seulement pour exiger l’intervention des forces
publiques, mais aussi pour faire croire qu’il s’agissait d’un conflit
intra-communautaire qui ne correspondrait qu’aux conflits politiques
internes de la communauté de Bachajón, et non pas aux intérêts du
gouvernement et des entreprises touristiques.

Le 9 janvier, à 6h30 du matin, plus de 900 éléments des forces de police
fédérales et de l’Etat du Chiapas expulsaient violemment les compañer@s de
l’ejido San Sebastián Bachajón. Durant cette attaque, huit personnes de
San Sebastián Bachajón furent temporairement portées disparues, trois
ayant capturés avec pour intention de procéder à leur arrestation, mais
toutes arrivèrent finalement à se libérer.

Dans un communiqué, les ejidatari@s dénoncèrent l’attaque le jour même. Le
lendemain, les médias libres rendus sur place confirmèrent l’occupation
des terrains par la force publique et notèrent la présence de 10 camions
de police et de nombreux camions de couleur blanche pleins de policiers
sur l’aire récupérée, et de deux autres camions stationnés près des
installations locales du secrétariat de sécurité et de protection
citoyenne de l’Etat du Chiapas.

Les  ejidatari@s ont depuis dénoncé que des complices de la pólice de
l’Etat avaient menacé les compañeros Jeremías Cruz Hernández et Francisco
Jiménez Hernández, originaires du village de Xanil, situé sur les terres
de l’ejido. Ces compañeros craignent aujourd’hui pour leur vie.

Dans un communiqué diffusé le 10 janvier, les ejidatari@s dirent que
l’expulsion “ne rendait pas leur coeur triste, mais tout au contraire le
remplit de plus de courage pour rendre plus fort le mouvement en défense
de la terre et du territoire ». Ils demandèrent également à tous les
compañer@s solidaires qu’ils restent attentifs aux faits parce que de
fortes rumeurs circulaient disant que la police désignait les maisons des
compas afin de les arrêter, et s’oorganisaient également pour procéder à
l’expulsion du siège de l’organisation des compas, situé dans la
communauté de Nah Choj.

Le 11 janvier dernier, les ejidatari@s revinrent occuper les terres. A
6h30 du matin, les compañer@s reprirent et bloquèrent le croisement de
routes menant aux cascades d’Agua Azul. En réponse, la police de l’Etat
bloqua avec des arbres l’accès autoroutier 500 mètres plus loin, et depuis
leur barricade de fortune, tirèrent sur les ejidatari@s durant une
vingtaine de minutes. Deux d’entre eux furent blessés par des balles en
caoutchouc. Un des ejidatarios, Juan Pérez Moreno, fut quant à lui blessé
au bras gauche par une balle de gros calibre [et de nombresues cartouches
de balles réelles furent retrouvées sur place par les compas]. Cependant
les ejidatarios ne s’enfuirent pas face à l’ataque, et vers 7h30, ils
réussir à faire reculer la police.
[https://www.youtube.com/watch?v=P6SwtczPwmo]

Le jour suivant (12 janvier), un hélicoptère de la police survola la
communauté de Xanil et prit des photos des maisons des coordinateurs de la
résistance. Au même moment, des groupes de paramilitaires de la communauté
de Pamalha dirigés par Manuel Jimenez Moreno et de la comunauté de Xanil,
dirigés par Juan Álvaro Moreno, Jeremías Cruz Hernandez et Francisco
Jimenez Hernandez, se dirigèrent en direction des territoires spoliés
apparemment afin de renforcer les agressions policières contre les
adherent.e.s de la Sexta. [https://www.youtube.com/watch?v=WNwyjD0ghxg] Ce
même jour, arriva la « Caravane de la Sexta Internacionale en soutien à
San Sebastián Bachajón », incluant des membres de différents pays :
Colombie, France, Etats-Unis et Mexique.

En ce moment les compañer@s mantiennent le blocus, bien qu’hier ils aient
décider de passer d’un blocage total de la circulation à un blocage
intermittent. Ils nous demandent d’être attentifs face à de nouvelles
attaques du blocage, et que nous diffusions toutes et tous la parole de
leur digne lutte, par tous les moyens possibles.


Caravane « Sexta Internationale »
Trad. Siete NubS

plus d'informations en français:
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Le 11.01, la police tire avec des balles de caoutchouc et des balles réelles contre les compas
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https://vivabachajon.wordpress.com/en-frances/
https://liberonsles.wordpress.com/

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