lunes, 16 de abril de 2018

8/03: "le système capitaliste oppressif considèrent la Terre Mère comme marchandise, les femmes comme objets" Femmes Abejas


Compañeras d'Acteal: "Nous saluons toutes les femmes du monde entier qui se battent."

Nous ne voulons plus de féminicides, de meurtres de femmes défendant les droits humains et de la Terre Mère.
Organisation de la société civile Las Abejas
Terre sacrée des martyrs d'Acteal
Acteal, Ch'enalvo', Chiapas, Mexique
 
 08 mars 2018
                                                                     
Au Congrès National Indigène
Au Conseil Indigène de Gouvernement
Aux défenseurs des droits humains
Aux médias nationaux et internationaux
A la société civile nationale et internationale
Sœurs et frères:
Aujourd'hui, le 8 mars, des femmes de l'Organisation de la Société Civile de Las Abejas d’Acteal sont rassemblées en cette Terre Sacrée des Martyrs d'Acteal, pour commémorer la Journée Internationale de la Femme et se souvenir des plus de 140 jeunes travailleuses, la plupart d'entre elles immigrées qui ont été brûlées dans une usine de chemises à New York, aux Etats-Unis, pour avoir exigé le respect de leurs droits du travail, ce qui s'est produit le 25 mars 1911.
En ce jour, en tant que femmes organisées, nous dénonçons l'impunité du massacre d'Acteal dans lequel plus de femmes et de filles sont mortes que d'hommes aux mains des paramilitaires priistes et cardenistes de la municipalité de Chenalhó le 22 décembre 1997.
Vingt ans après le crime d'État commis contre nos 45 frères et sœurs et nos 4 bébés assassinés dans le ventre de leur mère, nous constatons que cette politique de destruction et de génocide des mauvais gouvernements et des puissants du monde continue d'être appliquée d’une façon plus grave et sanglante contre les peuples et surtout contre les femmes du Mexique et du monde.
Nous, les femmes, nous ressemblons à la Terre Mère. Le maïs, les haricots, les fruits, les légumes, les plantes médicinales, l'eau, l'air et bien d'autres choses encore sont le don de la Terre Mère, et sans tout cela, nous n'aurions pas la vie;  ainsi même une femme est donneuse de vie, si nous n'existions pas, les femmes, il n'y aurait tout simplement pas de continuité de vie.
Cependant, le mauvais gouvernement et le système capitaliste oppressif considèrent la Terre Mère comme une marchandise, et les femmes comme des objets, ils se moquent donc que nous soyons exploitées, violées, portées disparues ou tuées comme des animaux.
Les cas de femmes violées, disparues et assassinées sont innombrables, on peut en citer quelques-unes comme les féminicides de Juarez, les migrantes qui traversent notre pays et sont portées disparues ou assassinées, les femmes d'Atenco, les femmes massacrées à Acteal, parmi tant d'autres; et les responsables sont les mêmes policiers, militaires, politiciens corrompus, les narcos et même les maris assassinent leurs épouses.
Et maintenant avec la "Loi de Sécurité Intérieure", l'Etat mexicain "légalise" ainsi sa répression contre les peuples indigènes et les mouvements sociaux qui résistent et luttent contre les politiques de pillage, de destruction et de mort; mais, surtout, ce sont les femmes qui vont le plus souffrir et répandre notre sang, si nous n'arrêtons pas cette politique génocidaire.
Nous ne voulons plus de féminicides, plus de meurtres de femmes qui défendent les droits humains et de la Terre Mère, comme c'est arrivé à notre compañera Berta Cáceres, assassinée pour s'être opposée à la construction de barrages avec le peuple Lenca. Et de cette Terre Sainte, nous continuons à exiger la vérité et la justice pour cette attaque lâche.
Nous n'oublions pas non plus les jeunes étudiants d'Ayotzinapa, disparus par l'État mexicain et dont on ne sait pas encore où ils se trouvent. En tant que femmes et mères, nous disons aux mères de nos compañeros disparus qu'elles ne sont pas seules et que nous continuerons à unir nos forces avec elles pour faire en sorte que justice soit faite et que les responsables soient traduits en justice.
Que les manifestations des femmes contre les politiques corrompues et meurtrières du mauvais gouvernement soient écoutées, de plus, que nous ne soyons pas criminalisées, que la manifestation soit un droit et que nous ne soyons pas l'objet d'attaques et d'emprisonnement.
Nous rejetons les politiques économiques violentes du mauvais gouvernement, par exemple l'augmentation des prix des produits que nous utilisons tous les jours dans nos foyers. Par contre, quand il s'agit du prix de nos produits que nous récoltons de la Terre Mère comme le café, ils nous demandent de leur en faire cadeau, c'est ainsi que nous réalisons que le gouvernement soutient les grandes entreprises, mais qu'il ne se soucie pas des besoins des peuples. Et pour que les gens ne réalisent pas ces choses, ensuite avec leurs programmes d'aide sociale comme la "Prospera", il trompe les femmes pour qu'elles ne se rendent pas compte des politiques et l'objectif réel du mauvais gouvernement est de créer la dépendance, le contrôle politique, engourdir la conscience, ce qui a divisé les gens et les communautés et donc, selon les calculs politiques des grandes entreprises capitalistes ils peuvent occuper, dépouiller et exploiter "facilement" nos terres et territoires.
Une autre des politiques d'engourdissement de la conscience des peuples, en particulier des hommes (adultes et jeunes) est la vente et la consommation d'alcool. Et cette boisson enivrante apporte beaucoup de maladies, par exemple: elle provoque des conflits dans la famille, la pauvreté, des maladies mortelles, elle provoque divers types d'accidents et dans cette municipalité de Chenalhó, il y a eu beaucoup de suicides.
Nous voyons aussi combien de femmes qui, à cause de la pauvreté, travaillent dans la vente d'alcool et deviennent même prostituées, et nous voulons dire à ces femmes de respecter leur corps, de les respecter.
En tant que femmes tsotsiles et organisées, nous adressons nos salutations à toutes les femmes du monde entier qui luttent pour une vie digne et un monde juste. Nous savons que la violence à l'égard des femmes existe partout où elle se produit, et c'est pourquoi nous devons être fermes sur cette voie, celle de la vie et de la dignité, et que sur la douleur et la souffrance, des semences d'espoir et d'harmonie germent dans nos familles, nos communautés, nos nations et dans le monde.
Frères et sœurs, nous vous invitons à continuer d'avancer, afin que nous ne nous reposions pas d'affirmer et de respecter nos droits et que nous restions unis dans la défense des richesses de notre Terre Mère que Dieu nous a prêtées.
Plus de militarisation au Chiapas et au Mexique!
Vive les femmes organisées du monde!
Vive les femmes de Las Abejas d’Acteal!
Vive les conseillères du Conseil Indigène de Gouvernement (CIG)!
Vive Marichuy, Porte-parole du CIG!
Cordialement

La voix des femmes de l'Organisation Société Civile Las Abejas d'Acteal.
Pour les représentantes des femmes:
Rosalinda Vásquez Luna                                 Rosalva Vásquez Guzmán


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